DANS

Photo : Goldo

Michaël Dans, Entre nous, pierre bleue, 5 éléments (L. : 210 cm, 179 cm, 152 cm, 129 cm, 110 cm)

Angle de Feronstrée et de la rue des Aveugles, 4000 Liège

Le lieu choisi par Michaël Dans pour installer l’œuvre qu’il a conçue dans le cadre d’ Ennemis publics est une petite pelouse arborée, entourée de voies de circulation, à proximité de l’esplanade Saint-Léonard. Sans vocation précise, il semblait prêt à servir d’écrin à un monument commémoratif.

Comme c’est souvent le cas dans son processus créatif, l’artiste est parti d’un foisonnement d’idées hétéroclites pour se recentrer sur une forme épurée : cinq blocs de pierre bleue soigneusement taillés en hexagone. Cependant, l’aspect minimaliste devient secondaire quand l’œil identifie leur typologie « à la Parisienne », c’est-à-dire le paradigme des cercueils tels qu’ils apparaissent dans les westerns ou les films de vampires. L’espace vert délaissé prend alors des allures de cimetière où les pierres tombales auraient adopté la forme des réceptacles qu’elles sont censées dissimuler.

Il s’agit de la déclinaison d’une installation présentée en 2006 à la chapelle du Genêteil. Dans On casse tous notre pipe, une pièce noire hexagonale abritait une série de dessins, photographies et sculptures traitant tous du thème de la vanité. On y retrouvait cinq cercueils en bois blanc emboîtés les uns dans les autres sur le principe des poupées russes. En les pétrifiant, Michaël Dans leur donne un caractère immuable. Il cherche à assurer une pérennité, voire une éternité non seulement à son travail plastique, mais également au souvenir des défunts anonymes. La diversité des formats évoque une famille (les Daltons ? les ours de Boucle d’Or ?), qui aurait péri dans une catastrophe ou dont les membres viendraient progressivement se rejoindre au sein d’un même caveau. Pour l’artiste, c’est notamment une allusion à la rapidité avec laquelle le souvenir des générations précédentes s’efface. Néanmoins, les pistes d’interpétration restent ouvertes, la mort étant un sujet de réflexion universel à la fois en tant que questionnement existentiel et réalité qui façonne nos existences.

Par ailleurs, le choix du titre Entre nous, qu’on pourrait traduire en wallon liégeois par Amons nos’autes, est ironique. Il dénonce le caractère souvent autarcique des structures qui nous façonnent. Le poids des pierres est aussi celui des traditions ankylosées d’une famille ou d’un lieu d’origine, dont il est parfois nécessaire de s’affranchir pour se confronter à l’autre et trouver sa propre voie, mais auquel on reste inexorablement attaché.

8 réponses à “DANS

  1. Quentin Deltour

    Tout ce blabla religieusement freudien pour tenter de faire dire à de la pierre taillée ce qu’elle ne dit apparemment pas toute seule. A quoi bon dès lors s’emmerder à casser des cailloux si c’est pour quand même tout justifier par des mots ? Faites-vous pas chier, messieurs les sculpteurs, devenez écrivains, ça ne sera ni mieux, ni pire, mais ça fera moins de poussières.

  2. Julie Hanique

    Cher Monsieur,

    Le texte n’est pas de l’artiste, mais de moi-même. En tant qu’historienne de l’art, c’est justement mon rôle de faire le passage entre l’artiste et le public par des mots.
    Toutefois, vu les nombreuses réactions déjà récoltées, notamment lors de la rencontre-débat d’hier, je pense que cette oeuvre s’en passe bien, puisque chaque passant qui la regarde semble y mettre sa propre expérience de la mort, du deuil, de la distance qui naît de ce type de représentation…

  3. Quentin Deltour

    Eh bien quelle ambassade ! S’il faut, des historiens de l’art pour faire le passage entre l’artiste et le public… L’oeuvre parle, ou ne parle pas, produit des émotions, ou pas. Mais quel assourdissement inutile que de la noyer dans la palabre.

  4. Cher Monsieur,

    Vous semblez étonnamment bavard pour quelqu’un qui pense que les choses parlent d’elles-mêmes.
    Mais rien ne vous empêche de vous passer de tout le blabla inutile des livres, blogs, guides, conférenciers et théoriciens de tous poils pour rester concentré sur l’émotion pure.

  5. Quentin Deltour

    Oooooh superzut ! voilà déjà que vous abandonnez votre mission de nautonière pour vous adonner à la réplique ad hominem contre l’insatiable poildecuteur que je suis. A ce jeu, je vous déclare perdante par avance. J’aurais pourtant aimé vous voir défendre votre bout de gras sur votre terrain, je trouve cela tellement divertissant : parler d’art pour faire tourner les moulins. Vous m’avez donc mal lu : je ne PENSE pas que les oeuvres parlent d’elles-mêmes, je me contente simplement d’écouter celles qui ont des choses à dire et de regarder celles qui ne sollicitent que mes yeux. Et il est de bien jolies choses muettes qui ne sont pas coupables de leur mutisme et d’autres, par exemple moches (histoire de faire dans la symétrie), qui racontent mille histoires. Mon propos se résume à vous dire qu’une oeuvre sans voix n’a pas besoin de mégaphone et qu’une oeuvre loquace n’a pas besoin d’interprète. Prolonger de mots ce qu’un marteleur s’est fait suer à dégager de la roche donne au résultat un goût d’inachevé, d’insuffisance.

  6. Voir ces tombes en vrai m’ont donné la même impression que quand je les ai vue sur les photos ! C’est assez choquant et on se demande pourquoi et dans quel but elles ont été misent..

  7. Julie Hanique

    Carine, qu’est-ce qui vous choque exactement ? Le côté un peu morbide ?
    Le texte d’explication ne vous aide pas un peu ? Si vous avez une question précise, je peux la relayer vers Michaël Dans.

Laisser un commentaire